* Mise à jour du 13 Janvier 2007 *

Le lendemain, Erato se réveilla sur le coup des huit heures. Elle n’avait dormi que quatre heures mais ces quatre heures avaient été suffisantes pour lui redonner tout le courage et toute la détermination dont elle allait avoir besoin dans les jours, les semaines et même les mois à venir.
Elle se pencha sur Christian pour vérifier qu’il était bien décédé. Il lui suffit de prendre son pouls pour avoir la confirmation que le frère de Christine était bel et bien mort.

Elle sortit alors de la chambre en direction de la cuisine. Olga n’était pas encore descendue et, entendant les pleurs de sa petite Eva, Erato en profita pour passer un moment privilégié avec sa fille. Tout ce qu’elle faisait, c’était pour Eva. Il est certain que s'il n’y avait pas eu Eva, Erato n’aurait pas trouvé la force de verser une fiole de poison dans le vin de Christian.
Elle venait de tuer le père de sa fille … Elle n’en était pas fière. Elle aurait tant voulu que ses enfants puissent grandir entourés d’un père mais elle avait tout raté. Pour les trois. Trois enfants, trois pères différents, trois pères absents !

Olga se réveilla vers neuf heures. La journée était ensoleillée. Elle avait peu dormi, six ou sept heures maximum et sa première pensée fut pour Erato qui devait sûrement être levée. Il fallait qu’elles se mettent d’accord pour la marche à suivre. La police allait probablement débarquer et la moindre erreur pourrait être fatale !
La meilleure amie d’Erato se demandait vraiment comment il allait être possible de faire passer ce meurtre pour une simple mort de vieillesse ! Elle connaissait le génie créatif d’Erato et son aptitude à se dépêtrer des situations les plus gênantes, mais elle se faisait quand même du soucis. Il ne s’agissait plus de berner un homme amoureux, mais des inspecteurs de police et des médecins !

Elle descendit et trouva Erato en train de jouer avec Eva. Quel beau spectacle et quel contraste entre la joie d’un bébé et le silence du mort qui gisait dans la pièce d’à côté.
Elle resta dans les escaliers cinq bonnes minutes, à observer ce spectacle. C’était sûrement une des dernières fois avant longtemps qu’Erato et sa fille pouvaient se retrouver comme ça, sans se soucier de personne. Erato allait bientôt être prise dans un tourbillon de paperasses administratives, de batailles juridiques ..

Quand Erato aperçut sa meilleure amie en train de les observer dans l’escalier, elle sourit. Olga devait attendre depuis quelques minutes, pensa-t-elle, et elle respectait leur moment de complicité. Erato se leva et alla remettre sa fille dans son berceau. Puis elle revint vers Olga.
Les deux femmes déjeunèrent ensemble. Elles devaient se mettre d’accord sur la marche à suivre. Le petit-déjeuner dura bien une heure et demie. Au bout de tout ce temps-là, elles étaient prêtes, rien ne pouvait plus les empêcher de réussir.

Après une bonne douche, Erato se décida à appeler le médecin. Bizarrement, elle ne simula rien du tout. Avec une voix naturelle, elle lui annonça que Christian était mort et qu’il fallait qu’il vienne le plus vite possible.
Le médecin arriva un quart d’heure plus tard. En guise d’accueil, Erato l’embrassa. Je crois que je commence à comprendre de quelle manière Erato va se sortir de ce mauvais pas. Mais ce médecin ne devait pas être bien futé. C’est bien beau d’avoir fait des études de onze ans si on est pas capable de remarquer qu’Erato n’est rien d’autre qu’une mangeuse d’hommes. Elle a dû lui promettre monts et merveilles et, comme beaucoup d’autres, il a sûrement tout gobé !

En aidant Erato, il risquait lui aussi la prison. Il risquait la radiation de l’ordre des médecins. Il prenait le risque que sa vie soit foutue en l’air et tout ça pour une illusion, pour le rêve de vivre avec Erato qui ne se réalisera jamais ! Quel gâchis … Mais bon, certaines personnes ne sont pas très malignes, on ne peut pas leur en vouloir …
Deux heures après l’arrivée de ce fameux médecin, le corbillard des pompes funèbres arriva pour emmener le corps. C’est là qu’Erato put montrer l’étendue de ses talents d’actrice. Elle fondit en larmes d’une manière impressionnante. On aurait vraiment dit que sa peine était réelle.

Puis il fallu qu’Erato annonce la triste nouvelle à la famille du défunt, en l’occurrence à sa fille : Viviana. Les deux femmes s’étaient rencontrées à plusieurs reprises et leurs entrevues avaient toujours été explosives. Entre le tempérament de feu d’Erato et la langue de vipère de Viviana, une simple discussion pouvait virer au pugilat en trente secondes.
Erato se rendit donc chez la fille de Christian. Elle jubilait. Enfin elle tenait sa revanche sur Viviana. Cette femme lui avait pourri la vie quand Christian a décidé d’assumer sa paternité. Elle a mis des bâtons dans les roues de ma petite-fille, elle l’a humiliée en public .. Et là, Erato tenait la plus belle vengeance de sa vie.

Elle sonna, une fois, puis deux. Viviana arriva, ouvrit la porte et toisa Erato.

« Ah ! C’est vous !..
_ Oui, c’est moi.
_ Faites attention, mes bégonias n’apprécient que très peu votre doux parfum. Je vous proposerais bien d’entrer, mais j’ai peur de devoir envoyer tous mes rideaux chez le teinturier après votre visite.
_ Bien entendu, je ne voudrais pas vous causer encore plus de soucis. Vous en avez déjà assez comme ça !
_ Oh non. Merci de votre sollicitude, mais ma vie est parfaite. Rien ne cloche, tout va bien.
_ Ça, c’est que vous croyez ma chère Viviana. Votre père est décédé ce matin et je crois que ça pose un petit problème.
_ ...
_ Je vois que vous êtes accablée de chagrin. Je crois que je ferais mieux de me retirer. Bonne fin de journée, à bientôt !… Ah la la, quelle merveilleuse journée ! »

Erato, fière d’elle, repartit en direction du centre-ville. Mais Viviana ne l’entendait pas comme ça !

«  Sale petite garce ! Traînée ! Pouffiasse ! Comment oses-tu souiller la mémoire de mon père ?
_ La prout-prout pète les plombs …
_ Tu dis que cette journée est merveilleuse ! Grosse vache ! Tu vas voir, cette journée va être merveilleuse ! Je vais appeler les flics, je vais te faire inculper pour meurtre avec préméditation ! Je suis persuadée que tu as tué mon père. D’ailleurs … qu’est-ce qui me prouve que ce n’est pas encore un de tes coups bas, que tu ne mens pas juste pour me causer du chagrin ?
_ Ma chère amie, calmez-vous voyons. Regardez ce petit bout de papier … Acte de décès … Tenez, je vous le laisse ! Bon, vous m’excuserez, j’ai mon cours de yoga. Je ne veux surtout pas arriver en retard !
_ C’est … c’est … pas possi … Immonde créature ! Tu l’as tué ! Tu as tué mon père ! Je vais te le faire payer ! A toi, à ta famille, à tes enfants ! C’est moi qui vais vous tuer, tu verras ! Je vais vous tuer !
_ N’essaie même pas Viviana, n’essaie pas ! Tu risquerais de perdre des membres dans la bataille. Tu en as déjà perdu un, c’est bien suffisant, non ? »

Viviana ne sut que répondre, elle fondit en larmes. Erato, elle, éclata de rire tout en continuant son chemin. Elle avait eu sa vengeance et elle savourait sa victoire sur le clan Coste. Elle savourait !
Ma petite fille rentra chez elle, pour y retrouver Olga et Eva. Pour le moment, leur plan fonctionnait comme sur des roulettes. Christian était aux pompes funèbres, le médecin avait conclu à une mort naturelle, Viviana avait fondu en larmes. Tout se déroulait comme prévu. Il restait juste à prier que la police ne vienne pas s’en mêler. Dans ce cas-là, il faudrait mettre en route la deuxième phase du plan, et ça, Erato ne le voulait pas. Cette histoire l’avait totalement vidée de toutes ses ressources et elle ne se sentait pas la force de mener une bataille juridique acharnée contre Viviana !

Comments

[Nymeria]

Et bien... Cette mise à jour était attendue, mais tu l'as faite encore plus intéressante que je pouvais l'imaginer...

Les sentiments d'Erato sont magnifiquement exprimés... On ressent totalement ses hésitations, ses remords, son angoisse. Elle n'a pas l'air d'être comme son oncle qui trucide ses femmes les unes après les autres sans y penser :D

Alors merci pour cette mise à jour, et bonne continuation.